Mon amie Tristesse

Pour continuer sur la thématique de l’accueil des émotions, aujourd’hui je voudrais vous parler de mon amie Tristesse.

Tristesse était magnifique. Faite de poèmes et de mélancolie, sombre comme la nuit, douce comme un bain tiède. La ressentir pouvait parfois avoir quelque chose de gracieux. A la fois libératrice et douloureuse, elle pouvait s’étirer jusqu’à plus fin, et, toute en douceur exprimer sa finesse et sa subtilité. Elle pouvait se montrer fugace et ne rester qu’un instant, tout comme elle pouvait s’installer parfois dans le temps. Parfois muette, parfois bruyante, capable de tout et de son contraire, l’Être ne lui faisait pas confiance car elle pouvait débarquer à tout moment. Elle pouvait le couper dans son élan, l’obliger à s’arrêter ou à reconsidérer une situation. Elle savait remettre en question ses certitudes ou encore dévoiler un sentiment caché. Elle pouvait traverser tout le corps et l’obliger à s’arrêter. Tout comme elle pouvait se concentrer uniquement sur une zone, comme dans la gorge sous forme de nœud, ou, dans l’estomac par un vide immense que rien ne pouvait combler. Elle était dotée de si nombreuses capacités…

On n’arrivait pas toujours à la repérer. Elle avait cette fâcheuse tendance à se cacher derrière Colère. Il faut dire que c’était plus simple pour elle de rendre Colère responsable de ce qu’il pouvait se passer « Là-Haut ». Et puis l’Être avait entendu dire, dans son jeune âge, que laisser parler Colère pouvait être le signe d’un caractère fort, alors que la laisser elle se montrer était le signe d’une faiblesse certaine.

Qui plus est, Tristesse n’était jamais seule. Elle se promenait toujours en binôme avec un des membres de sa bande : Souffrance, Honte, Culpabilité, Abandon, Rejet, Injustice, Humiliation, Trahison, Douleur, … Vous voyez, ça en fait du beau monde ! Et bien sûr, comme à son habitude, Tristesse laissait d’abord l’autre parler en premier ! Elle pouvait sembler lâche au premier abord, mais il s’agissait plutôt d’une des nombreuses capacités qu’elle avait développé avec le temps : plus on se concentrait sur les maux de ses amies, moins elle était visible, même si elle était toujours là, en embuscade. Si on ne la voyait pas, l’Être ne pouvait alors pas être critiqué de faiblesse.

Tristesse était toujours triste. Elle ne comprenait pas pourquoi l’Être avait toujours honte d’elle. Elle avait si souvent été enfermée, réprimée, masquée, reléguée, cadenassée ! Qu’avait-elle fait pour mériter ce sort, elle qui l’avait toujours aimé à travers ses larmes et ses silences ?

Un jour, au cours d’une séance de méditation plus profonde que d’habitude, elle sentit que le bon moment pour se montrer était venu. Alors que certains pensaient que Tristesse était faible, écoutez la force dont elle fît preuve à ce moment-là : elle aperçut comme une fissure dans le mur. Une porte sans gardien pour la retenir. Elle s’arma alors de tout son courage et décida de se déverser de tout son long. Plus de maîtrise, plus de barrage. Le masque de Joie tomba pour laisser la place à la véritable émotion occultée. Les larmes jaillirent pendant un long moment. Les membres du corps devinrent lourds et engourdis, comme attirés vers le sol. Les larmes qui avaient été retenues si longtemps se déversaient maintenant tel un océan un jour de tempête. Les pensées tournaient sur elles-mêmes, en boucles, impossible d’y mettre de l’ordre ou du sens. Le corps fût comme envahit d’un tsunami contre lequel rien ne pouvait lutter.

Au bout d’un certain temps, Là-Haut fût forcé de reconnaître qu’il se passait quelque chose d’inhabituel. Cependant, il sentit dans tout son Être et dans tout son corps, que le moment était venu d’écouter. Le moment était venu d’accueillir. Le moment était venu de remercier. Un processus s’enclencha ce jour-là, et rien ne fût plus jamais comme avant. Là-Haut comprit que Tristesse occupait bien plus de place que ce qu’il ne pensait. Il comprit surtout ce qu’elle avait à lui dire à cet instant et repensa à tous ces moments où il l’avait enfermé. S’il l’avait laissé sortir, de temps en temps, au lieu d’un torrent, il n’aurait ressenti qu’un ruisseau aujourd’hui. Un ruisseau d’amour qui était là pour l’accompagner à passer à autre chose.

L’amour de Tristesse pour l’Être est si grand, qu’il se déverse à tout moment, sans attendre d’être dans l’intimité parfois. Ce qu’il a à lui faire savoir a tellement de sens pour lui qu’il n’a pas toujours la patience d’attendre d’être à l’abri des regards. Pour l’Être, dévoiler Tristesse, c’est dévoiler son intimité, une partie de son Moi profond, quelque chose qui n’appartient qu’à lui.

Après quelques temps, l’Être et Tristesse ont appris à se connaître. Ils ont passé de longs moments ensemble, ont fini par se découvrir et avec le temps à s’apprivoiser. Alors, il y a eu des hauts et des très bas, mais finalement, ils ont compris comment traverser les épreuves ensemble. L’Être peut parler de Tristesse comme d’une amie désormais. Elle lui en a enseigné tellement sur lui qu’il ne peut que la remercier d’être là. Tristesse fait partie de son humanité, c’est pourquoi il accepte dorénavant qu’elle vienne lui dire, de temps en temps, ce qui est important pour lui. Il sait maintenant l’écouter et observer la valeur et l’importance d’une personne ou d’une situation qu’il refuse au premier abord de reconnaître. Elle l’accompagne vers autre chose, et lui permet de poursuivre son chemin.

Kafui

 

L’hypnose peut vous aider sur les questions abordées dans cet article.

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