Comment j’ai rencontré mes peurs

J’avais prévu d’écrire sur la thématique des peurs sur le même ton que j’ai écrit sur la colère et  la tristesse. C’est à dire de manière mûrie et acceptée. Cela fait maintenant plusieurs jours que je procrastine en me disant que c’est un sujet compliqué, que je n’ai pas encore dépassé toutes les miennes. Comment je pourrai alors créer une histoire sur quelque chose que je n’ai pas encore totalement digéré ? En même temps c’est absurde. Qui a dépassé toutes ses peurs ? Lorsqu’on en dépasse une, d’autres peuvent apparaître, qui sont à dépasser également …

Comme tout le monde, j’ai eu à divers moments de ma vie des difficultés à traverser. Cependant, une particulièrement prenait beaucoup de place sur une période importante.  Elle m’empêchait de voir au-delà, de me projeter dans l’avenir, bref, elle me pourrissait la vie. Alors j’ai voulu travailler dessus. D’abord en étant accompagnée par une psychologue, puis par la suite par un hypno. Ce travail a été efficace, mais j’ai réalisé que derrière cette difficulté se cachait tout un tas de peurs. Je sentais bien qu’elles étaient nombreuses. Je voulais comprendre ce qu’elles avaient à me dire et je sentais qu’il était important que je les entende. A cette époque, je commençais à pratiquer l’auto hypnose. J’ai pensé que ce serait suffisant.

Je me souviens de ce soir où en auto hypnose j’avais demandé à mon inconscient de me mettre face à toutes mes peurs. Et rien. Sur l’instant je n’ai pas accepté que si rien ne se passait, c’était déjà le signe de quelque chose. Bien sûr en y repensant c’est logique. Cette part de moi qui me protège chaque jour à chaque instant, je lui demande de me mettre face à ce qui me fait le plus peur alors que je suis seule dans ma chambre, sans aucun accompagnement. C’est sympa si quelque chose de sombre se passe et que je suis incapable d’y faire face. L’auto hypnose est un outil de développement personnel formidable mais il y a des sujets pour lesquelles il vaut mieux être accompagné tout de même … J’ai reproduit l’opération à plusieurs reprises sur plusieurs mois. A cette époque j’étais complètement novice dans ce domaine et surtout j’étais dans une profonde quête de moi-même. Mais rien ne se passait. Avec le recul je comprends que je n’étais tout simplement pas prête à les accueillir ni même à les regarder en face. Et ce n’était tout simplement pas la bonne approche.

Pendant plusieurs mois, acharnée que j’étais à évoluer, j’ai travaillé sur des problématiques qui touchent de nombreuses personnes telles que l’estime de soi, la gestion des émotions, la gestion du stress … Ce travail effectué en parallèle, cette fois-ci accompagnée, a permis de débloquer la situation. Mais cela je le comprendrai que bien plus tard. 

Je m’obstinais sur cette question de regarder mes peurs en face. Donc quelques temps après ma première tentative, je renouvelle l’opération. Mais cette fois-ci en programmant mes rêves, toujours dans la direction de me présenter mes peurs. (La programmation des rêves est également un outil super puissant, mais j’approfondirai au cours d’une autre publication). Rien la première nuit. Puis la nuit suivante, dans mon rêve, comme chaque matin je pars travailler. Je prends la voiture avant de me rendre compte que j’ai oublié de déposer ma fille à l’école. Je fais demi-tour, je rentre chez moi et je la fais partir en catastrophe. Je retourne chercher mon sac à main. Quand j’ouvre la porte d’entrée, il fait nuit noire. Je me dis immédiatement « OK je suis dans un rêve. Bon ben je vais attendre et voir ce qu’il va se passer ». Je retourne m’asseoir sur le canapé, on sonne à la porte. J’ouvre, et là, une douzaine de formes semi humaines semi ombres sont devant moi. Elles sont de toutes tailles, de multiples formes et de couleurs différentes. Certaines semblent malades, d’autres énergiques. Auparavant, cette simple scène m’aurait affolée mais là ce n’est pas le cas. Mon cœur s’emballe tout de même un court moment. Je prends une grande inspiration. Je sais que ce qu’il se passe à cet instant est important. Alors je les invite à entrer. Elles me suivent en silence au milieu du salon et m’entourent. Elles forment un cercle tout autour de moi. Puis l’une d’entre elles, plus grande que les autres, bleue, s’approche et me prend dans ses bras. Les autres la suivent et nous formons ensemble un cercle entrelacé. La peur bleue se redresse et me regarde un long moment dans les yeux. Je soutiens son regard. Elle me dit alors : « On est là, rassure-toi, on va te guider, tout va bien ». Je me suis ensuite réveillée avec un profond sentiment d’apaisement. Comme si chaque chose était à sa place et que le cours de ma vie prenait tout simplement le chemin qu’il devait suivre.

J’ai compris beaucoup de choses dans les jours qui ont suivi. Tout d’abord que mon inconscient est plutôt sympa et plutôt drôle : il m’a permis de me souvenir de ce rêve. Il m’a permis de me rendre compte que je rêvais. Il m’a permis d’être consciente au cœur de mon rêve. Il m’a apporté exactement ce dont j’avais besoin au moment où j’étais prête à l’accueillir (3 mois plus tôt un rêve pareil m’aurait fait complètement flipper !). Il m’a permis d’entendre le message principal porté par mes peurs. Et je le trouve drôle avec ses symboliques enfantines. Mes peurs m’ont appris à travers ce simple instant qu’elles étaient là pour me guider, m’accompagner et me montrer une voie. J’ai compris aussi qu’il était parfois important de déblayer le terrain avant de pouvoir faire face à quelque chose d’important.

Le seul moyen de dépasser une peur c’est de la regarder en face et de la transcender. Faire ce qui me fait peur me permettra d’aller où j’ai besoin d’aller. Faire ce qui me fait peur me permettra de me rencontrer, de découvrir que mes capacités et mes compétences sont bien plus grandes que ce que j’imagine. Faire ce qui me fait peur me permettra de grandir, de m’élever, de me challenger et de me dépasser. Je me rends compte qu’il s’agit alors de « faire », de passer à l’action, d’agir et surtout d’arrêter de réfléchir au meilleur moyen de contourner la route. Imaginez : c’est comme si la vie était une carte routière. La destination n’a aucune importance. Ce qui compte c’est que sur cette carte il y a des kilomètres de chemins différents. Des autoroutes, des nationales, bien bitumées, bien propres et bien droites. Mais il y a également des chemins sinueux, boueux, ensevelis, impraticables ou même non répertoriés. Et ceux-là sont exactement ceux que je dois suivre.

La peur elle est d’abord là pour nous protéger. Elle dit « Attention, prépare-toi bien. Ce qui est devant toi est important ». Elle ne dit pas « Évite-moi, contourne-moi, fais comme si tu ne m’avais pas vu ». Prendre les routes qui me font peur me permettra de devenir moi dans mon entièreté. Car c’est sur ces routes que je trouverai au-delà de ce que je cherche.

Merci à mes outils, merci au temps.

Kafui

Photo : Ed Fairburn

L’hypnose peut vous aider sur les questions abordées dans cet article.

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4 commentaires sur « Comment j’ai rencontré mes peurs »

  1. Si la vie est une « carte routière » alors j’adore l’idée de ce que serait les stand de ravitaillement au bord de la route. Et mon hypnothérapeute serait la table d’orientation que l’on peut voir aux points de vue..
    Merci Kafui pour cet article!

    Aimé par 1 personne

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