Faire le deuil

Le deuil il est partout : une place vide à table, une chambre qui est restée figée dans le temps, des vêtements dans une armoire, un rire suivi d’un silence, un bruit, une chanson, le vent, une odeur, des mots qu’on n’ose pas dire, des larmes que l’on retient, un anniversaire où il n’y a personne à qui le souhaiter, les réunions de famille où il manque quelqu’un … c’est sans fin. De toute façon il manque toujours quelqu’un.

Quoique vous fassiez il y a ce gouffre à l’intérieur. Un truc qui fait si mal qu’il n’y a que dans le sommeil que vous pouvez l’oublier. Mais comme vous n’arrivez plus à dormir … Un truc vide et plein en même temps. Vide d’une absence, et plein d’une souffrance. Ça pèse. C’est lourd. Ça brûle. C’est froid. C’est partout et nul part en même temps. Ce truc qui ne vous quitte pas. De toute façon c’est pas ça qui fait le plus mal. Envie d’hurler, envie de se taire. Chaque pensée, chaque geste est tourné vers cette absence. Tous ceux qui ont un jour perdu quelqu’un qu’ils aimaient le savent.

Et puis il y a l’entourage. Il ne sait pas quoi dire et se tait. Il ne sait pas quoi dire et dit des conneries. Ici je peux dire « conneries », parce que le deuil il est brut, il est pur dans sa douleur. Il ne fait pas semblant. Il ne prend pas de gants. Il ne mâche pas ses mots. Il ne tourne pas autour du pot. Il n’est pas lisse. Au contraire il est violent. Il pique. Il mord. Il arrache le cœur et l’émiette. Il retourne les tripes et les tord. Il coupe les jambes et brûle la tête. On peut dire « disparu, perdu, décédé ». On s’en fout. On a tous compris que le vrai mot c’est « mort ». En plus on le découvre, alors tout est nouveau. Et vous savez quand on rencontre de nouvelles sensations à quel point celles-ci peuvent parfois être exacerbées.

L’entourage aussi il a mal. Mais il tait sa douleur par peur de vous rappeler quelque chose qui ne vous quitte jamais. Et vous, vous taisez votre douleur par peur de lui rappeler la sienne. Il pense que vous ne voulez pas en parler. Alors il vous noie sous des choses sans importance. C’est pas mal aussi comme stratégie. Ça peut créer des pauses dans la souffrance. Alors que vous n’avez qu’une envie, c’est de rencontrer quelqu’un qui sait par quoi vous passez. Pas quelqu’un qui comprend ou qui imagine. Quelqu’un qui sait. Quelqu’un qui a mal autant que vous, qui pleure avec vous. Quelqu’un qui avec ses mots et sa presence vous autorise à hurler votre douleur, à pleurer vos larmes d’amour et de tristesse. Puis qui s’apaise. Et qui alors vous permet de vous apaiser aussi.

Et là vous comprenez que c’est possible.

[Parce qu’il y a un peu de ça aussi. Si je n’ai plus mal, si je ne souffre plus qu’est ce qu’il me reste de toi ? Si je retire la douleur, comment tu sauras que j’ai mal et que je pense à toi ? Qu’est ce qui me liera encore physiquement à toi puisque je ne peux plus te toucher ?]

Vous comprenez alors que c’est possible de continuer à aimer quelqu’un qui n’est plus là en mettant de côté la douleur. Vous comprenez que ce n’est pas juste de la retenir ici dans votre souffrance. Parce que ce n’est plus sa place. Que quel que soit le temps qui lui aura été donné de vivre, elle a le droit aujourd’hui de se libérer et d’aller vivre une autre vie.

Alors vous lâchez. Vous la laissez s’envoler. C’est aussi facile que de lâcher un ballon dans les airs. Lâcher le fil. C’est aussi difficile que de se séparer de quelqu’un qu’on aime. Agripper le fil. Mais il n’y a pas d’autres solution. Elle a le droit de poursuivre son chemin. Vous lui devez, et vous vous devez de poursuivre le vôtre. Lâcher définitivement ce fil.

Et après ?

Les larmes oui. Mais celles-ci sont plus chaudes, plus courtes et plus espacées.

Le vide oui. Mais celui-ci est plus doux parce que celui-ci est plus juste.

Le manque oui. Mais celui-ci est tolérable, respirable, vivable.

Le temps. Qui vous a accompagné tout du long et qui continuera à apaiser la douleur, chaque jour un peu plus.

L’amour. Qui vous remplie de nouveau et qui est le véritable lien entre vous.

La vie. Qui vaut le coup d’être vécue. Pour vous deux.

Merci la vie. Merci le temps.

Merci Ella.

 

Kafui

 

 

L’hypnose peut vous aider sur les questions abordées dans cet article.

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