Que ce soit en rendez-vous professionnels ou personnels, j’entends très souvent autour de moi en ce moment « l’amour c’est fini pour moi … ». Alors, il y a juste ce mot qui résonne de façon ironique en moi : « VRAIMENT ? »
Je pense ici à toutes celles et ceux qui ont tellement morflé qu’ils ont trouvé les moyens les plus incroyables pour blinder leur cœur et ne plus jamais ressentir cette morsure. Ils disent alors avoir un cœur de pierre et moi ça me fait juste rigoler parce que …
Souviens-toi de ce moment où vos regards se croisent et se mêlent. Ce moment précis où tout ton être sait. Comment tu oublies que respirer est vital. Comment ça bout dans ta tête quand ton cœur bat trop vite et que t’as l’impression que c’est écrit sur ton visage. Comment ça hurle dans tes oreilles « arrête de le regarder, il va comprendre !! » mais que tes yeux sont comme rivés sur lui. Impossible de détacher l’écume des vagues, impossible de retirer le bleu de la mer … A quoi bon de toute façon ?
Souviens-toi de la première fois où tu t’aperçois que sa voix est différente. Tu réalises qu’elle n’a plus les mêmes intonations qu’autrefois. La façon dont elle résonne en toi est si présente maintenant. Mais qu’est ce qui a changé chez lui pour que tu l’entendes différemment ? Ou plutôt, qu’est ce qui a changé en toi ? C’est comme si ses mots voyageaient jusqu’à toi pour se déposer au creux de ton être et imprimer leurs vibrations. Cette musique autrefois sonate maintenant devenue symphonie.
Souviens-toi de cette sensation qui arrête le temps quand il s’approche de toi et que tu sens son parfum. Unique. Il ne ressemble en rien à ceux que tu as connus avant. La peau dégage cet effluve particulier qui t’attire comme un aimant. T’es là et t’es plus là. A l’intérieur c’est comme une boule à neige qu’on vient de secouer. Les flocons de polystyrène retombent en silence sur ce décors fabriqué, et en même temps c’est si beau à voir.
Souviens-toi de ce frisson qui te traverse des pieds à la tête quand tu sens sa présence dans la pièce alors que rien ne l’annonce. Tu sais qu’il est là quand ça s’apaise à l’intérieur qu’en même temps que tout s’affole. Ça picote dans le dos et tourbillonne dans le ventre. Puis, la danse des émotions commence au moment où sa peau touche la tienne.
Souviens-toi de ce baiser si particulier. Plus léger, plus juste, plus vrai. Celui où le cœur s’emballe tellement que tu ne sais plus où tu es. Ce goût intense où les lumières s’allument partout et où les sens se mélangent. Quand le regard devient texture, quand les odeurs deviennent couleurs, quand le silence éclate si fort et que le contact devient brûlure.
Souviens-toi de ce moment où tu réalises que tu l’aimes.
C’était pas au programme. C’était pas la personne que t’avais imaginé. C’était pas prévu comme ça. C’était pas le bon moment. D’ailleurs il n’y a plus de moment tout court pour ça.
Rien n’a changé mais tout a changé. C’est toujours toi. C’est toujours lui. Mais c’est plus tout à fait toi, et c’est plus tout à fait lui. Et en même temps, c’est tellement mieux …
Et puis tu te souviens de cet autre, ou de ces autres, qui ont généré tant de souffrance en toi. Tant de moments où tu t’es promis que ça n’arrivera plus. Tant de fois où tu t’es juré qu’on ne t’y reprendra plus à ce jeu-là. Toutes ces fois où le cœur a saigné et que l’hémorragie a failli te faire disparaître. Toutes ces fois où les mots ont été plus forts que les battements du cœur.
Dorénavant c’est toi qui mène la danse. C’est toi qui décide de l’espace exact que tu accordes à l’autre dans ta vie. Et plus il est minime, moins il aura d’impact si ça ne se déroule pas comme tu l’as décidé. C’est toi le metteur en scène qui écrit la pièce de théâtre dans laquelle tu vas jouer et où l’autre n’est finalement qu’un figurant. Parce qu’un figurant quand il disparaît, on oublie vite qu’il a été sur scène.
Parce que ton chemin a croisé la déception, le rejet ou la trahison, tu décides qu’il ne croisera plus jamais l’incroyable, le frémissement ni le tressaillement. Tu décides que plus jamais ton cœur ne s’ouvrira à l’autre parce qu’il est autre et pourrait t’envahir totalement jusqu’à ce que tu te perdes en lui. Jusqu’à ce que tu t’oublies …
Alors c’est là que je rigole. Oui je rigole parce qu’en vérité on s’en fout. On s’en fout de ce que tu veux. Parce que quand tu tombes amoureux, c’est pas parce que tu l’as décidé. On ne choisit pas la date, le lieu, la personne, le moment.
Le jour où tu ne t’y attendras pas ça te tombera dessus parce que c’est pas toi qui choisit. Continue à croire que c’est ta tête qui commande et ton cœur te montrera à quel point sa puissance va au-delà de ce que tu imagines.
Parce que le vrai chef d’orchestre c’est lui ! C’est lui qui a conçu cet algorithme que personne n’a encore réussi à déchiffrer. Lui seul connait le moment adéquat pour toi. La personne qui le fera vibrer plus fort que les autres. Que ce soit dû à son regard, son sourire, sa voix, son humour, sa chimie … Ou l’association de X et Y, divisé par le nombre de fois où t’as chialé sur cette chanson, moins les fois où il te fait rire, plus l’effet de ta peau sur la sienne multiplié par la façon dont il prononce ton prénom. Ajoutes-y la racine carrée de son sourire multiplié par pi et divisé par tout ce que tu veux …
Tu ne fais que retarder le moment où tu souriras béatement dès que son visage apparaîtra.
Parce que ce que tu as oublié c’est que tu n’es déjà plus elle. Maintenant, ça y est tu es toi ! Tu es la somme de tout ce que tu as vécu, de tout ce que tu as appris, de tout ce que tu as imprimé en toi au fil des années et des expériences. Maintenant tu connais tes limites, tu connais tes fonctionnements, tu connais tes besoins. Tu te connais. Tu sais qui tu es. Pourquoi alors devrais-tu revivre les choses de la même manière que dans le passé puisque tu n’es plus elle et que le passé est passé ? Plus de noyade, plus d’oubli de toi, plus aucunes de ces peurs qui sont celles de celle d’avant.
Maintenant tu sais nager. Tu peux aller perdre pieds là où le corps sait faire son travail. Il a appris. Fais lui confiance. Les mouvements sont imprimés. Le courant est là pour te guider. Tu peux lui faire confiance au lieu de lutter contre lui. Tu peux te faire confiance.
C’est tout juste le bon moment pour faire l’étoile de mer et te laisser porter par les vagues.
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